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Le Blog de la Culture

Le Blog de la culture doit présenter ce qui me plait ou déplaît dans la société, avec une préférence pour l'art en général. Film, Musique, Série, Recette, Livre, Art pictural ou architectural...

deuxième partie

deuxième partie

La cloche sonne.

 

Une fois,

 

Deux fois…

 

Je ne compte plus. Mes oreilles sont réveillées, ainsi que mon corps, qui vibre à chaque résonance.

 

Je recommence à me mouvoir, longeant l’enceinte de pierre, en contrebas du monument. Il fait de plus en plus froid, je m’en rends compte maintenant. Mes épaules se crispent et ma main, comme par réflexe, se pose sur mon écharpe rouge, la repositionnant afin de protéger au mieux ma nuque. Le corps humain est si fragile, je ne voudrais pas tomber malade durant une soirée comme celle-ci. Il pleut de plus en plus, mais peu importe, la pluie scintille et me fait rêver. Enfin, après de nombreux coups de tocsin, le rêve s’est évaporé. Les lumières sont toujours là, mais mon cœur n’y est plus. Un coup d’œil à ma montre et je presse le pas. Cette histoire m’a mise en retard.

 

Me voilà devant l’escalier monumental. Dans ma mémoire, de la fontaine centrale jaillissait l’eau dans sa plus belle forme. Mais cela doit faire bien longtemps qu’elle s’est endormie. C’est étrange, mais à chaque fois que je prends cet escalier, je le prends dans le même sens, au même endroit, comme pour rajouter une pierre sur la colonne de mes souvenirs. Des souvenirs qui ne servent à rien, hormis à embellir mon cœur à chaque fois que je reviens ici. Et à chaque fois, je me revois dans ces multiples passés entremêlés, monter cet escalier, avec pour chacun d’eux une émotion différente. Les marches en pierre sont massives et en même temps si fragiles. Des creux se sont formés dans la masse après maints et maints passages. Le temps, c’est bien là la seule chose capable de destituer les rois et de détruire des châteaux ou même des montages sans s’essouffler, alors que sont des marches, quelque soit leur constitution, face à cet élément. Et que suis-je moi ? Que sommes-nous face à cette horloge qui tourne et tourne sans s’arrêter ? Rien. Seulement des atomes sans importance par eux-même mais qui, dans un tout, créent des civilisations intemporelles. Un pas n’est rien, une multitude permet d'effriter la roche. C’est dans le nombre et seulement dans le nombre que nous valons quelque chose. L’individualité ne sert a rien. C’est ce que j’essaye de me mettre dans la tête, afin de vaincre mon ego débordant, sans succès jusqu’à présent. Un battement de cœur.

 

Je monte. Chaque pas vers le haut me fait prendre conscience de mon esprit mais également de mon corps. Je sens mon environnement, ma main sur la rembarde froide, frissonnante sous le contact de l’eau stagnante déposée par les nuages qui me surplombent depuis quelques minutes. Un battement de cœur. Je sens chaque muscle s’étirer et se détendre les uns après les autres. Je sens aussi mon cœur qui s’accélère légèrement, mes poumons qui brûlent par le froid et par l’effort de la marche. Un battement de cœur. C’est comme si mon esprit reprenait le contrôle sur ce qui était inné ou automatique habituellement. Je continue de monter. Un battement de cœur. Plus que quelques marches et je serais dans l’endroit le plus intéressant et le plus apaisant que je connaisse. Je me décide enfin à lever les yeux au-delà des marches et observe la cathédrale sous un nouvel angle. Elle parait plus grande, plus massive, plus imposante, et tellement plus solennel. C’est comme si elle avait toujours été là, tel le mont olympe surplombant le royaume humain, sauf qu’ici, ce n’est qu’une petite ville sans grandes prétentions. Quelques ruelles étroites et mal éclairées qui la nuit deviennent le royaume des monstres et des gargouilles en tout genre aux fils des allées. Un battement de cœur. C’est un monde tellement fantastique, comme si les lampadaires et les quelques fenêtres éclairées devenaient les étoiles censées nous guider dans ce labyrinthe surplombé par la haute autorité omnisciente. Un battement de cœur.

 

Je regarde mon téléphone. Pas encore de messages, mais je suis tout de même en retard. J’ai rendez-vous sur le parvis de la cathédrale. Je prends cependant le temps de m’arrêter devant le rocher païen et y pose le doigt comme par réflexe, afin d’implorer les anciens dieux, quand à mon avenir proche et futur. Je n’ose penser à cette soirée, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là. Je suis heureuse d’être là, à cet endroit, je crois. Je n’ai croisé personne depuis un bon moment. Le silence qui m’apaisait jusque là est devenu pesant, surtout à cet heure-ci, et le froid rend l’ambiance encore plus saisissante. Il est temps d’affronter ce pourquoi je suis là. Je contourne enfin la pierre et monte au parvis, toujours dans ce mouvement tant et maintes fois répété dans le passé qui me permet d’avancer malgré la peur qui me mord l’estomac. Un battement de cœur.

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