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Le Blog de la Culture

Le Blog de la culture doit présenter ce qui me plait ou déplaît dans la société, avec une préférence pour l'art en général. Film, Musique, Série, Recette, Livre, Art pictural ou architectural...

Bienvenue - essai n°2

Bienvenue - essai n°2

« C’est un trou de verdure où chante une rivière », c’est un havre de paix pour le bienheureux qui sera suffisamment patient pour en trouver l’entrée.

Fermez les yeux et imaginez : Dans une forêt très bien connue non loin de nous, siègent deux roches gigantesques, semblables à deux colosses, recouvertes de mousse leurs donnant un aspect intemporel et cérémonieux. Entre ces deux monuments se trouve un chemin de terre très étroit, qui au fil des pas se réduit de plus en plus. Cette ruelle, étrange par son silence oppressant et sa luminosité surnaturelle, doit être empruntée sans crainte pour arriver au bout de notre quête.

Après avoir marché, ou plutôt piétiné, serré entre deux parois de granites, tantôt debout, tantôt de profil, tantôt contorsionné, vous sortez enfin de ce boyau qui paraissait sans fin. Vous arrivez à une patte d’oie, avec au centre de celle-ci, un magnifique hêtre, vieux de plus de 100 ans, le tronc étant magistralement poli et usé par le temps, servant de surface fertile pour de nombreux champignons multicolores. La lumière qui jusque-là nous guidait dans les dédales rocheux, n’est plus qu’une clarté mince à travers les branches et le feuillage de cet arbre gigantesque qui a su profiter du maximum des capacités de cette cavité. L’ambiance est pesante, lourde, et vraiment inquiétante, nous poussant à faire demi-tour. Cependant, tellement de minutes se sont écoulées dans le labyrinthe de granit qu’il est préférable de continuer quoi qu’il en coûte.

En apparence, deux choix s’ouvrent à nous : à droite, un chemin sous la roche mais qui nous semble inondé de lumière ; à gauche, un escalier naturel creusé par l’eau, et qui monte au-delà des parois. Pourtant, en regardant de plus près cet arbre, il apparaît une faille dans son tronc, assez grande pour laisser passer un homme de taille respectable, et plus loin, de la verdure est visible. Il nous faut privilégier cette possibilité, et nous faufiler à travers le bois, et les toiles d’araignées maîtresses des lieux, genoux au sol pendant quelques mètres avant d’entendre le son d’un écoulement d’eau qui ravirait les plus sceptiques.

Au bout d’une dizaine de mètre de tunnel, en voyant la forêt qui s’offre au regard, sombre et dangereuse, emplie de créatures aux sons étranges et inquiétants, regardant les passants d’un regard jaune presque maléfique, il faut se douter que le voyage n’est pas achevé. La seule joie qui inonde les cœurs est la vision de cette eau qui coule le long d’un roc, dans un bruit angélique et doux malgré la force qui s’en dégage. La rivière ainsi formée s’écoule tranquillement entre l’entrée du tunnel et la forêt, créant ainsi une certaine sécurité, infime.

Il faut alors se diriger vers la droite, suivant les berges verdoyantes et luxuriantes, variant du vert vif du cresson au rose de quelques nénuphars qui tentent de s’accrocher, luttant contre la force du courant bien visible. Cette vitesse rappelle la dangerosité de l’endroit malgré sa beauté évidente. La longueur de ce périple reste inconnu, le temps semblant être suspendu. La peur de ce qui se trouve sur l’autre rive, l’inquiétude qu’offre la fragilité évidente des berges font largement oublier le temps qui passe.

Après une centaine de cris inquiétants de créatures surnaturelles dans l’épais agglomérat d’arbres sur la gauche et une quinzaine de glissements de terrain sous des pas mal assurés, une falaise apparaît, bloquant le passage, brisant le chemin emprunté depuis longtemps. Vous voilà stoppé net dans cette quête. Désespoir et désarrois peuvent se voir dans vos esprits. Inquiétude aussi vis-à-vis du chemin parcouru et du danger à y repasser. Cependant, laissez-moi vous aider.

Invisible aux yeux d’humains à première vue, il existe de petites pierres à quelques centimètres au dessous du niveau de l’eau, permettant un passage d’une rive à l’autre. La forêt est plus parsemée et beaucoup moins dangereuse à cet endroit précis. Il suffit de trouver ses pierres et de traverser prudemment, en prenant garde au courant ainsi qu’aux algues glissantes qui se sont installées au fil du temps sur ce chemin.

En peu de temps, la terre ferme est retrouvée, et il faut alors continuer à suivre cette rivière, en se rapprochant du bruit sourd tel un bourdonnement sans crainte. Plus nous avançons, et plus la masse de pins et de chênes devient plus agréable et accueillante, et plus le bourdonnement devient sourd et orageux, tel un coup de tonnerre immortel. La rivière devient de plus en plus vive et les berges sont vides de toutes couleurs à part le vert de certaines plantes qui s’accrochent malgré le courant. Les nénuphars et autre fleurs ne survivent pas dans cet environnement. L’avantage est que le chemin de terre que l’on suit s’est largement agrandit et est beaucoup plus agréable qu’auparavant. Cette excursion devient presque agréable si l’on en oublie les kilomètres précédents.

Evidemment, cela ne pouvait durer, à croire que les lieux que vous convoitez maintenant grâce à moi sont protégés par les dieux, ou les anciens. Sous vos pieds disparaissent les dernières traces de verdures, et vous vous retrouvez sur une masse rocailleuse, tel un immense bloc de granit, humide et glissant, où peu de verdure survit. Vous voilà devant le gouffre. La rivière, que vous suiviez depuis le début, est dévorée sans pourtant arriver à rassasier ce géant de pierre. Le bruit que l’on pouvait confondre avec le bourdonnement d’une ruche est désormais tellement puissant qu’il couvre tout bruit que l’on pourrait faire, celui de l’eau qui est propulsée au fond de la cavité contre la roche nue et polie.

La fin du voyage est proche, si vous êtes assez téméraire, car il va falloir descendre dans ce puits monumental et terrifiant, où l’eau n’est plus une source de vie, mais un messager de la mort pour celui qui la touche de trop près. Dans un coin un peu moins dangereux, des encoches sont visibles, à un mètre de distance les unes des autres environ. Le chemin est périlleux, glissant et plus la descente est avancée, plus la luminosité disparaît, laissant peu de chance aux malheureux. Après une dizaine de mètres, dans un noir complet que ne troublent que quelques micros arc-en-ciel créé par la rencontre de rayons de lumière et de gouttes d’eau solitaires. Les oreilles ne sont plus les réceptacles du bruit environnement, le corps tout entier le devient, des pieds jusqu’au sommet du crâne, vibrant dans son ensemble.

En longeant la paroi du mur que vous venez de descendre, un point de repère se fait désiré, et apparaît au bout de quelques pas : une étoile, loin très loin, mais qui nous offre un semblant de lumière. Le bruit de la cascade s’atténue rapidement, et fait découvrir une vie souterraine avec des cris d’animaux, ou de créatures indescriptibles, invisibles à l’œil à cause du manque de lumière, mais qui sont bien présentes, touchant parfois un bras, une jambe.

Finalement, l’étoile devient lumière, et la lumière devient un arbre ensoleillé, une sortie de l’ombre, bien réelle. La marche pénible, effrayante et belle est alors oubliée grâce à un parfum envoûtant d’un bouquet naturel de fleurs que l’on peut apercevoir par centaine juste à l’entrée de la grotte. Notre seul souhait, un repos bien mérité au bord de cette rivière, redevenue calme et recouverte sur une grande partie de sa surface de grande fleurs de nénuphars, et ou la vie grouille, grenouilles vertes, libellules multicolores, oiseaux jaunes, bleus, rouges… Vos yeux se ferment, définitivement. 

Bienvenue.

Clem's

Bienvenue - essai n°2

C'est un trou de verdure où chante une rivière...

Rimbaud

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