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Le Blog de la Culture

Le Blog de la culture doit présenter ce qui me plait ou déplaît dans la société, avec une préférence pour l'art en général. Film, Musique, Série, Recette, Livre, Art pictural ou architectural...

Une Princesse précieuse et une plume

Quelque approbation qu'ait eu cette Histoire dans les lectures qu'on en a faites, l'Auteur n'a pu se résoudre à se déclarer, il a craint que son nom ne diminuât le succès de son Livre. Il sait par expérience, que l'on condamne quelquefois les Ouvrages sur la médiocre opinion qu'on a de l'Auteur, et il sait aussi que la réputation de l'Auteur donne souvent du prix aux Ouvrages. Il demeure donc dans l'obscurité où il est, pour laisser les jugements plus libres & plus équitables, et il se montrera néanmoins si cette Histoire est aussi agréable au Public que je l'espère.

Le libraire au lecteur

 

« La princesse de Clèves » est publié anonymement en 1678 en France, sous Louis XIV. L'histoire se passe sous le règne de Henri II et Henri III mais la vision de l'auteur sur ces périodes décrit plutôt celle de son siècle.

Si l'on arrive à passer la première étape de la présentation de la cour de Henri II ( 12° paragraphe), l'histoire devient d'une pureté et d'une simplicité qui rend cette œuvre sublime. La « magnificence et la galanterie », les deux premiers mots du roman, sont ainsi visible dans l'écriture même de l'auteur.  

Ce qu'il faut retenir: « La vertu »; Même si les lois autorisent le remariage, est-ce que l'inclination pour un autre homme peut nous pousser à faire fi des vœux promis à un homme, même si celui-ci n'est plus? Mme de la Fayette, l'auteur, répond que selon la bienséance précieuse de son temps, il n'en est pas question. 

 

Mme de Clèves acheva de danser et, pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement.
M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.
- Pour moi, madame, dit M. de Nemours, je n'ai pas d'incertitude; mais comme Mme de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.
- Je crois, dit Mme la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.
- Je vous assure, madame, reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez. 
- Vous devinez fort bien, répondit Mme la dauphine; et il y a même quelque chose d'obligeant pour M. de Nemours à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans l'avoir jamais vu. 
La reine les interrompit pour faire continuer le bal; M. de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté et avait paru telle aux yeux de M. de Nemours avant qu'il allât en Flandre; mais, de tout le soir, il ne put admirer que Mme de Clèves.

La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette

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